Page:Variétés Tome I.djvu/152

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entendre et advertir de tout ce qui leur estoit advenu, et de la grande et nompareille victoire que Dieu tout-puissant leur avoit donnée contre la grande flotte d’Espagne. Les mariniers, lesquels sont venus dans ladite patache, rapportent avoir esté audit combat, et disent verballement qu’ils sçavoient trois jours auparavant qu’ils se devoient battre dans peu de jours, d’autant qu’ils estoient advertis que la flotte d’Espagne estoit devant la ville de Lyma, au nombre de trente navires3, où ils nous attendoient pour nous battre, d’autant qu’ils sçavoient que nous n’estions que douze navires. Nostre admiral, en ayant esté adverti, dit qu’il les vouloit aller visiter, et pour cet effect fit venir à son navire le vis-admiral et tous les autres capitaines, lesquels, s’estans tous ensemblement juré serment de fidelité de s’assister les uns les autres jusques à la mort, prindrent resolution de ce qu’ils devoient faire4 ; par après un chacun se retira dans son navire, et mismes à la voille et prismes nostre routte tout droit à la ville de Lyma, de laquelle nous eusmes cognoissance au troisième jour, ensemble de la flotte d’Espagne, sur laquelle nous allions courageusement pour les attaquer. Les capitaines encourageoient tant les soldats que mariniers, d’une grande et vehemente affection,


3. Decker dit cinquante. Id., pag. 65.

4. Dans ce conseil, Jacques Lhermite, qui étoit gravement malade depuis deux mois (Id., pag. 52), voyant que sa foiblesse ne lui permettoit pas d’agir, « établit le vice-amiral en sa place, et son beau-frère, nommé Corneille Jacobsz, pour sergent-major. » Id., pag. 61.