Page:Variétés Tome I.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il y eut six navires espagnols bruslés et trois coullés à fonds. Les Espagnols nageoient par centeines dans la mer, et se grimpoient avec les mains à nos navires, comme des chats ; le restant des Espagnols ne se vouloyent pas neantmoins rendre, d’autant qu’ils avoient encores beaucoup plus de navires que nous, mais au contraire se deffendoient vaillamment, combien qu’ils fussent fort estonnés, et tiroient le plus souvent par le dessus de nos navires sans nous faire du dommage, d’autant que nos gens se tenoient dessous leurs ponts, qui causoit que nous les endommagions grandement, et ne pouvions tirer sans les endommager. Ce combat durit s’y longtemps et de si grande furie que le sang sortoit de tous costés par les dallots hors des navires espagnols. Les Espagnols, voyans que nous continuions encores à les canoner furieusement et à bon escient, et ne pouvans remarquer qu’ils nous eussent fait du dommage remarquable, et au contraire, voyans leur admiral, avec plusieurs autres de leurs navires, tant coullés à fonds que bruslez, et le restant fort endommagez, brisez et fracassez, eurent de la frayeur et crainte, et disoient entr’eux : Ce ne sont pas des hommes, mais ce sont des diables. Aucuns d’eux se pensoient retirer vers la ville pour se garentir ; mais ils en furent empeschés par nos navires. Les Espagnols, ne voyant aucun remède pour se sauver, reprindrent courage, et commencèrent de rechef à tirer, tant de coups de canons que mousquets, lesquels ne nous pouvoient endommager, d’autant que nous nous tenions bas. Finalement, ils mirent un sinal blanc, demandant paix. Nous leur demandasmes s’ils se vou-