Page:Variétés Tome I.djvu/158

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a quelque ordure en sa fluste, comme l’on dit, lequel est tellement bourrellé en sa conscience cauterisée et vitieuse et esprouve jour et nuit de telle sorte les furieux assaux des sœurs Eumenides, qu’il luy est presque impossible de reposer asseurement sur l’une et l’autre oreille, estimant, par une deffiance trop demesurée, qu’à chaque bout de champ on tient propos de luy, et que tout ce qui se faict et passe est fait à son prejudice, confusion et desavantage, ce qui a esté pour vray remarqué et practiqué depuis deux ou trois moys en çà à l’endroit, je ne diray plus des politiques protestans pretendus et reformez de la ville de Genève, mais je diray pour adroit et useray du mot plus usité des huguenots, auxquels il faut imposer un nom nouveau, les appellent Henrions, diction insigne et memorable, à raison de son etymologie ; et si quelqu’un demandoit : Pourquoy sont-ils dignes de telle appellation ? il faudroit dire : Pour l’intelligence qu’ils ont toujours eüe avec les Henrys3, ennemis de l’Église catholique, apostolique et romaine. Or, pour reiterer nostre propos, ce que dessus a esté merveilleusement bien experi-


1630, après s’être vu dépouillé non seulement de ses conquêtes, mais d’une partie de ses états, par l’armée de Louis XIII. C’est de lui qu’on a écrit : « Prince trop inquiet pour être pleuré de ses sujets, trop infidèle pour être regretté de ses alliés, il étoit si dissimulé qu’on disoit que son cœur étoit inaccessible comme son pays. »

3. Henri de Navarre et Henri III. C’est en effet celui-ci qui, menacé sur ses frontières par Charles-Emmanuel, déjà maître du marquisat de Saluces, avoit poussé les Genevois à lui faire la guerre.