Page:Variétés Tome I.djvu/179

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n’appartient à un subject qui avoit receu tant de biens et honneurs de son maistre, desquels il estoit descheu par ses mauvais deportemens, et aucuns adjoustent qu’il faisoit des deservices prejudiciables à l’estat de son prince ; ce qu’estant venu à sa cognoissance, il l’envoya prendre en sa maison, le fit mener en ceste ville, mettre en une maison où il estoit bien logé3, et mis soubz la garde de quelques uns qui furent commis à ce4. On luy permit de jouyr de la presence et compagnie de sa femme, ses enfans, et de ceux qui le vouloient aller visiter, sans luy donner aucun empeschement en la jouyssance de ses biens, et ne voulans qu’il fust fait plus ample information de ses delicts, ni que l’on procedast à l’encontre de luy criminellement, comme il avoit suffisamment de quoy, et pour luy faire perdre la vie. Il demeura long-temps en cest estat5, jusques à ce que, s’en



2. Le flatteur de Philippe II oublie avec intention de rappeler la captivité de Perez, pendant deux années, dans la forteresse de Tarruegano. Mignet, Antonio Perez et Philippe II, 1re édit., Paris, 1845, in-8, pag. 88–91.

3. Cette demi-délivrance de Perez ne fut pas un effet de la clémence de Philippe II ; elle fut motivée par la maladie assez grave qu’il avoit contractée pendant son emprisonnement sévère à Tarruegano. « Dona Juana Coello, dit M. Mignet, obtint qu’il fût transporté à Madrid, où il jouit de nouveau, pendant quatorze mois, d’une demi-liberté dans une des maisons les meilleures de la ville, et reçut les visites de toute la cour. » Id., pag. 91.

4. Notre ligueur glisse encore habilement sur tous les détails qui pourroient rendre le roi odieux, « les perfides interrogatoires auxquels Perez fut soumis, la torture qu’on lui fit subir, etc. » Mignet, loc. cit., pag. 99–114.