Page:Variétés Tome I.djvu/198

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capitaine dit : Main basse ! firent une decharge de fuzils à bout portant sur ledit Bourgeois, dont il fut atteint d’un coup à l’œil senestre qui luy arracha la vie, fit voler la cervelle par le derrière de la teste et emplir son visage et le pavé de sang. Un charitable ecclesiastique, aumosnier de M. l’abbé de Sillery10, s’estant trouvé engagé dans ceste rüe, s’ef-


10. Un autre bon prêtre donna les derniers soins à la victime. Il en est parlé dans le rapport manuscrit que des chirurgiens dressèrent de l’état du cadavre, et qui a été retrouvé par M. Moreau dans un volume de la Bibliothèque de l’Arsenal. Voici l’extrait qu’il en donne (Bibliogr. des Mazarinades, III, pag. 11 (nº 2997) : « Premièrement, ils reconnurent qu’il avoit esté lié d’une grosse corde par le milieu de son corps, dont les marques en estoient encore toutes recentes, et particulièrement le nœud de ladite corde qui avoit enfoncé dans son corps de la profondeur d’une grosse noix. Un honneste ecclesiastique de ses amis, nommé M. Butel, s’estant rencontré lorsqu’on le visitoit, s’offrit à lui rendre les derniers devoirs de charité, qui furent de l’ensevelir ; ce que s’estant mis en devoir d’exercer, luy ayant levé la teste pour mettre sa coiffe, une partie de sa cervelle tomba dans ses mains, qui fut un spectacle d’horreur et de compassion à tous les assistans. Il remarqua sur son corps quantité de meurtrissures, provenantes des grands coups de lisière qu’ils lui avoient donnés, comme aussi la plaie d’un coup de hallebarde qu’il receut au dessus de la cuisse, de la largeur de quatre doigts, et plusieurs piqueures de poinçons aux genoux. »

Loret donne aussi quelques détails qui s’accordent bien avec ceux qu’on vient de lire :

Un d’entre eux, le plus perverty,
Le frappa de façon cruelle
Et luy fit sortir la cervelle.