Page:Variétés Tome I.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Alexandre ! Alexandre !

— Monsieur le lieutenant, j’ay vendu ma pratique, à cause que j’estois si petit que je ne paroissois point à la presse ; je baisois le cul à l’audiance à tous les autres.

— Plaidez… Plaidez doncques, Richer, et n’alez plus aux prunes avec Ryme, et n’entretenez plus vostre nourrice, puisque vous avez une femme.

— Monsieur le lieutenant, je plaide pour les habitans de Mont-Rouge, Arcueil et Gentilly, qui se plaignent du grand degast qui est faict en la presente année de leurs bleds et mars, qui se sont trouvez tous versez, foulez et trepignez par les femmes debauchées qui hantent et frequentent le pays. Je demande qu’il vous plaise y donner ordre, les faire prendre pour estre chastiées selon les lois.

— Escrivez, greffier :

« Il est enjoint à l’huissier Cornet de faire advertir le sieur Cordiable, baron de Malva, lieutenant du prevost des mareschaux, que, en faisant sa chevauchée vers le pays de Trefou9, il ait à se faire accompagner des gens de guerre qui sont en ses roolles et liasses, pour, avec le baston ordinaire dont il chastie les dites garses quand il les trouve, prendre vengeance tant du dit degast que des poulins que son commis a gaignez avec elles en allant à sa maison, sauf à ordonner de ses salaires. »

Appelez un autre.

— Humblot ! Humblot ! prenez vostre robbe de


9. Nom équivoqué, qu’il n’est pas difficile de deviner sous l’interversion de ses deux syllabes, si l’on pense à l’office du baron de Malva et à la population soumise à sa police.