Page:Variétés Tome I.djvu/262

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publier contre ces rebelles, les obligea de se tenir encore plus cachés que jamais ; il y eut pourtant quelques Broderies et quelques Poincts qui, plus hardis que les autres, se hasardèrent de sortir les soirs en habits deguisez, et s’estant une fois rencontrez avec mesdames les Plumes dans une celèbre mascarade qui se fit sur la fin du carnaval, dont le dessein estoit de representer le Triomphe de l’Amour15, ils renouvelèrent l’etroite amitié qu’ils avoient toujours eu ensemble pour s’estre trouvé dans les mesmes occasions, ayant tous esté employés toute leur vie pour plaire aux dames. Quelques uns d’entre eux, tombant adroitement sur le sujet de leur disgrace, sembloient ne se plaindre pas tant d’estre bannis pour jamais de la societé des hommes, comme de ne pouvoir plus travailler avec les Plumes à de si glorieuses conquestes, quoy que par une fausse humilité ils avoüassent qu’ils ne pouvoient pas pretendre d’y avoir jamais travaillé avec autant de succez.

Ainsi les Poincts, les Broderies,
Gagnèrent, comme on fait souvent,


15. Ce passage est curieux, en ce qu’il nous apprend à quelle époque fut donnée pour la première fois cette pastorale en musique, à trois parties, avec intermèdes, que nous pensions dater seulement de 1672, année où elle fut encore représentée devant le roi, à Saint-Germain-en-Laye. Il faut l’ajouter aux deux ballets royaux l’Impatience et les Saisons, que M. Walckenaer pensoit avoir été les seuls qui furent dansés en 1660 et 1661 (Mémoires sur madame de Sévigné, t. II, p. 490).