Page:Variétés Tome I.djvu/270

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qu’ils soient, qu’ilz aient chacun en leur compaignye un prestre, quy dira chaque jour la messe, à laquelle ilz seront tenuz d’assister, ensemble les principaux chefs de ladicte compaignie.

Que chacun des colonels des genz de pied auront pareillement un prestre, quy dira chaque jour la messe, à laquelle les capitaines seront tenus d’assister pour le moins les festes et dimanches, et les autres jours quand ils pourront ; et, afin que ceux quy s’y voudront treuver puissent savoir l’heure qu’elle se dira, lesdictz capitaines en feront advenir avec le tambourin.

Et pour garder que les vices que la licence de la guerre produict ordinairement ne puissent prendre racine aux cueurs desditz genz de guerre, et que par la parolle de Dieu ilz puissent estre incitez à suivre la vertu, il est ordonné qu’il y aura, tant en la bataille que en l’avant-garde, un prescheur homme de bien quy annoncera la parolle de Dieu et preschera l’Evangile, où assisteront les chefs et gens de guerre de ladicte armée, chacun selon le lieu où il leur est ordonné de marcher2.

Que par touz les lieux et endroits où ladicte armée


2. Ici le chef catholique semble prendre à tâche d’imiter les prescriptions pieuses des chefs huguenots. Il ordonne le prêche : l’armée catholique va donc avoir, elle aussi, ses écoles buissonnières, pareilles à celles qu’un arrêt du Parlement de 1552 avoit défendues aux Calvinistes. « Quelquefois, dit M. Michelet, ils s’assembloient en plein champ, au nombre de huit ou dix mille personnes ; le ministre montoit sur une charrette ou sur des arbres amoncelés ; le peuple se plaçoit sous le vent, pour mieux recueillir la pa-