Page:Variétés Tome I.djvu/290

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la grillade dans la Grève de ce païs-là, s’il y en a une, s’entend. On se contenta de depoüiller les marionnettes qui montroient leur nudité4.

Brioché servit de plastron à d’etranges bourasques pendant le cours de sa vie turlupine ; mais la mort de son singe le saisit et l’affligea si cruellement


4. Cette aventure de Brioché en Suisse est ainsi racontée dans les Nouveaux mémoires d’histoire, de critique et de littérature, par M. l’abbé d’Artigny, t. 5, p. 123–124. « L’ignorance a toujours été la mère de l’admiration et la source des préjugés les plus faux et les plus dangereux. Combien de fois n’a-t-elle pas attribué à la magie diabolique les effets de l’adresse et de l’industrie des philosophes, des mathématiciens, des artistes, les tours des charlatans, des joueurs de gobelets et de gibecière ? On sait l’aventure de Brioché : Après avoir long-temps amusé Paris et la province avec ses marionnettes, il passe en Suisse, et ouvre son théâtre à Soleure. La figure de Polichinelle, son attitude, ses gestes, ses discours, surprennent, épouvantent les spectateurs. On tient conseil, et, après une longue et mûre délibération, on conclut tout d’une voix que Brioché est à la tête d’une troupe de diablotins. En conséquence, il est dénoncé au magistrat, qui le fait emprisonner. On travaille à son procès. M. Du Mont, capitaine aux gardes suisses, arrive à Soleure pour y faire recrue. La curiosité le prend, comme beaucoup d’autres, de voir le prétendu magicien. Il reconnoît Brioché, qui étoit dans des transes mortelles ; il le console, et lui promet de travailler à son élargissement. M. Du Mont va trouver le magistrat ; il lui explique le mécanisme des marionnettes, et l’engage à mettre Brioché hors de prison. Si le joueur de flûte de M. Vaucanson avoit alors paru à Soleure, auroit-on douté qu’il n’y eût quelque diable caché dans cet automate ? »