Page:Variétés Tome I.djvu/306

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ne plus permettre que ceste trame soit roulée plus avant, tout le monde murmure, et la France ne peut plus supporter ceste peste sur le cœur sans la vomir ; ils s’enflamment tousjours de plus en plus, et se descouvrent eux-mesmes, mettans certains escritaux par les chemins, par lesquels ils decouvrent qu’ils vouloyent la vie de messieurs de la justice, l’argent, le pillage et rençon des gentilshommes ; rencontrent un prevost, le chargent, prennent quelques uns de ses gens, et s’il ne se fût sauvé de legereté, il eût tombé entre leurs mains13 ; de sorte que personne ne pouvoit trafiquer en toute la Bretagne ny le bas Poitou, parce qu’il a un esprit familier, par lequel il se fait porter par tout là où il veut en moins de rien, de façon qu’on le verra quelquefois le matin auprès de Nantes, et le soir il sera autour de Rouen et d’Orléans14, et autres lieux semblables, s’accostans des marchands comme s’ïl estoit aux foires, et puis quand il voist la commodité il les destrousse, et leur oste tous leurs biens. La cour, en estant advertie, mande à Monsieur de Parabole, gouverneur de Niort,


13. Guilleri fit souvent de ces mauvais partis aux prévôts. Il y a deux chapitres à ce sujet dans l’Histoire de la vie et grandes voleries… : savoir : Comme Guilleri prit prisonniers les prévosts de Niort et de La Rochelle. — Comme Guillery rencontra le prévost de Fontenay avec ses archers.

14. Nous n’avons trouvé qu’ici ces détails sur les excursions lointaines de Guilleri et de sa bande. Il est certain qu’ils furent alors redoutables par toute la France, et qu’on les trouve nommés avec les Rouget, Barbet, Grisons, et autres bandits qui désoloient le royaume sur ses points les plus opposés.