Page:Variétés Tome I.djvu/311

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conjure d’avoir compassion de ma fortune et de prier pour mon ame, afin qu’il plaise à nostre Sauveur ne vouloir point avoir esgard à mes fautes, et que, puis qu’il me faut icy servir d’exemple, brider le courage de ceux qui se voudroient attacher aux desordres où me suis enveloppé, il luy plaise vouloir ouvrir la porte de son paradis à mon ame. »

Il se tourne vers ses compaignons, et, après les avoir encouragés de se monstrer constans à ce passage, il prie le bourreau de l’expedier le plus diligemment qu’il luy sera possible ; et, ayant recommandé son ame à Dieu, il s’estend sur l’eschaffaut, où il endura la mort d’une constance nompareille, jusqu’à ce que il rendit l’ame. Dieu veuille qu’elle soit entre ses mains ! Ainsi soit-il.

C’est verité ; j’ay desservy
Une mort encor plus cruelle ;
Car le peché que j’ay commi
Merite bien mort eternelle.
Après mal-heur (helas !) à la fin bousche
Le vil conduit d’une maligne bouche,
Et le mechant en horreur obstiné
Par un gibet est aussy ruiné.