Page:Variétés Tome I.djvu/314

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La Sabrenaude2, sa voisine,
En a tenu quelque propos ;
Mais la bouchère Cailletine,
S’est mise sur ses audinos3.

Il vaudroit mieux, dit la Rotine,
Qu’une grande cité perît,
Que de souffrir la sotte mine
D’une gueuse qui s’enrichit.

La Menarde s’est arrestée,
Disant : Commère, qu’avez-vous ?
Parlez-vous point de l’espousée,
Qui n’estoit guère plus que nous ?

Ma bonne foy, dit la Paiote,
Je ne trouve pas cela bon ;
Pour moy, je ne suis point si sotte,
Que de quitter mon chaperon4.

Mercy de Dieu ! dit l’Auvergnate,
Parlant à la grosse Catin ;
Elle fait bien la delicate,
Avec sa cotte de satin !



2. Sabrenaud se disoit pour un mauvais ouvrier, un gâcheur d’ouvrage. On en avoit fait le verbe sabrenauder, qui s’employoit encore au XVIIIe siècle.

3. C’est-à-dire s’est campée les poings sur les hanches comme en disant : Écoutez-nous.

4. Le chaperon étoit la marque de la petite bourgeoisie ; il consistoit, au XVIIe siècle, en une bande de velours placée sur le bonnet.