Page:Variétés Tome I.djvu/326

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Germain, je vis une lavandière qui avoit gaigné8 un bassin de soixante et quatre livres, et moy je n’ay eu qu’un miroir de sept ou huit sols ; mais ce qui me reconforte, c’est que j’ai gaigné celuy-là en cinq semaines, et j’en gaigneray bien un autre en quinze jours, car nous avons des garçons de bonne volonté et fort fidèles.

Une rousse d’auprès le Sepulchre respond : Je suis la plus infortunée du monde : il y a neuf ans que je suis à Paris, et si je ne sçay comme vous en pouvez tant gaigner en si peu de temps ; tant en habit qu’en argent, je n’ay point vaillant deux cens livres, et si je me suis donné carrière autant comme fille de ma sorte.

Une servante de la rue des Vieux-Augustins : Je


noit aux servantes, comme plus tard une aune de toile et en sus le prix du vin. (La Maison réglée, Amsterdam, Marret, 1697, chap. 4, Appointements des domestiques.) Chez les maîtres pris de la colique housset, selon l’expression de Tallemant, c’est-à-dire coureurs de servantes, elles avoient bien d’autres menus profits.

8. Les servantes étoient les joueuses les plus assidues à la blanque de la foire St-Germain. On fit sur leurs pertes à cette loterie, leur adoration de tous les temps, la pièce qui a pour titre : Apologie des chambrières qui ont perdu leur mariage à la blanque. Voici les plaintes de l’une des perdantes :

. . . . . . . . . . . Je me suis obligée
Pour cinq testons à ma maîtresse,
Qui me cause au cueur grand’ detresse,
Pensant gaigner mon mariage
Comme toy ; oultre mis en gaige
Ma bonne robbe et mon corset,
Et de chemises encor sept.