Page:Variétés Tome I.djvu/327

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suis la plus malheureuse qui soit sous la voûte des cieux, car un jour, comme mon maistre et moy faisions le dia hur haut, ma maistresse survint, et pour ma recompense j’ay eu du pied au cul et n’ay eu que la moitié de mes gages.

Une petite sucrée de la rue Sainct-Anthoine : J’ay eu de la peine autant comme fille de ma sorte, estant toute nouvelle à Paris… Depuis que je me suis frottée au pillier, je suis la plus heureuse de toutes les servantes de Paris, car mon maistre a loüé une petite chambrillon9 qui fait tout mon menage, et moy je ne sers plus qu’au lict et à la table, pour ce que mon maistre est jeune et ma maistresse est vieille, et nous passons nostre temps joyeusement ensemble. Quand je suis plaine, il m’envoye à une maison qui est au champ, et quand je suis vuide je reviens, et ma maistresse croit que je viens de voir ma mère à nostre pays.

Une autre de la halle : Je fus dernierement surprise avec un de nos garçons. Pour recompence, nous avons eu la porte pour salaire.

Une autre de la place Maubert : J’ay esté bien plus fine quand je me suis fait amplir par un garçon de chez moy devant un autre plus riche que luy. Je luy ay permis l’usage, et fûmes pris tous deux sur le fait. Je le fis mettre à l’officialité10. J’ay eu quatre cens livres, et luy a eu l’enfant.



9. Petite chambrière. Ce mot se perdit à la fin du XVIIe siècle, après avoir été fort en usage au commencement.

10. Justice d’église dont le chef étoit l’official. Il statuoit