Page:Variétés Tome I.djvu/332

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par un veritable recit, les plus belles magnificences, les plus beaux triomphes et les choses les plus remarquables que l’antiquité nous aye laissé pour un mariage d’entre un prince et une princesse seulement. Pour en venir à la pure verité et ne point entretenir les lecteurs de fantaisies imaginaires, comme beaucoup d’autres qui de rien font des choses de grand prix, je commenceray à dire :

Que Betheleem Gabor, prince de Transilvanie, estant arrivé à Cacha pour y solemniser son mariage avec la princesse Catherine de Brandebourg, voulut luy-mesme, comme un grand capitaine qu’il est, faire les logemens des ambassadeurs qui le devoient aller trouver, et faire orner devant luy tous les autres destinez pour les delices de ses nopces.

Le premier ambassadeur qui luy arriva fut celui du prince de Walachie, accompagné de cent cinquante gentilshommes, lequel, après avoir eu audience, luy presenta deux grands chevaux si richement enharnachez que la description que j’en voudrois faire icy effaceroit quelque chose de la valeur et de l’estime d’un si riche present.

À ceste arrivée succeda celle des ambassadeurs du prince de Poulogne, l’evesque de Cracovie, duc de Sburas et de Strastota et Sendomiria. Il n’en vint point de la part du roy de Poulogne, pourceque, quelques jours d’auparavant, le prince de Transilvanie s’estoit offensé contre Sa Majesté de ce que, luy envoyant par un courrier un pacquet où il n’avoit point mis les qualitez au dessus, il ne le voulut pas recevoir à ceste occasion, et le renvoya avec ceste responce au roy, qu’il ne devoit point feindre