Page:Variétés Tome I.djvu/366

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Quatrièmement, enfin, que l’aversion que quantité de gens ont pour cette maudite engeance est on ne peut mieux fondée, puisque nous ne voyons que trop tous les jours une infinité d’exemples de leur monstrueuse malice. Je vous en retracerois la mémoire, si je ne craignois d’entrer dans un détail d’autant plus inutile, sans doute, que vous n’en ignorez pas les tragiques avantures. Voilà cependant quel est le premier crime dont on ose nous accuser ? On transforme en forfait une action de justice de la part de Polichinel ! Devoit-il donc se laisser étrangler ? devoit-il, pour conserver les jours d’un chat si respectable, s’abandonner au meurtre et à la trahison ?

Nos ennemis, Messieurs, ne se sont pas contentés de nous accuser de ce prétendu crime : à la médisance ils ont joint la calomnie. Polichinel, disent-ils encore effrontément, a arraché les ongles de cette veuve. Quelle perte, en effet, que les ongles de cette chatte ! Si je voulois pour un moment me prêter à toute son illusion, je vous dirois que sans ongles elle en sera plus traitable et plus retenüe ; ses ongles ne repousseront que trop tôt, et lui rendront toute sa férocité. Eh ! connoît-on Polichinel, pour le croire coupable de cette action ?

Non, Messieurs, Polichinel n’a jamais fait le mal de dessein prémédité. Je pourrois, pour prouver ce que j’avance, emprunter la voix de tous ceux qui le connoissent, et pas un d’eux ne me contrediroit ; mais, pour démontrer invinciblement ce que j’ai l’honneur de vous exposer, j’aurai seulement recours