Page:Variétés Tome I.djvu/368

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Après cela, Messieurs, elle osera porter l’audace et l’effronterie jusqu’à paroître en ce lieu en qualité d’accusatrice, lorsqu’elle y devroit elle-même redouter la rigueur de vos jugemens ! assurément il faut être de la dernière des impudences pour faire un pareil coup. Mais il est aisé de voir ce qui l’a portée à cette extrémité : elle s’est imaginé, jugeant de Polichinel par elle-même, qu’il alloit sans doute la poursuivre criminellement ; et, pour éluder le châtiment qu’elle méritoit, elle est venüe l’attaquer la première. N’est-ce pas là le comble de la méchanceté, et un pareil monstre d’iniquité devroit-il encore voir le jour ? Elle accuse Polichinel d’avoir tué son mari. Ah ! connut-elle jamais les liens conjugaux, pour être sensible à leur rupture ? Bien plus, elle l’accuse de lui avoir arraché les ongles… Ne faut-il pas être bien hardie pour oser seulement parler de ce qui la devroit couvrir de honte, si elle en étoit capable ? A-t-on jamais fait un crime à un homme de gagner légitimement sa vie ? Non, assurément. C’est cependant, Messieurs, ce qu’elle prétend faire. Polichinel fait un petit négoce d’épicerie, dont le gain est aussi modique que légitime. Parmi plusieurs drogues, il vend de la mort-aux-rats, qui en fait partie. Elle ne laisse pas de lui en faire un crime, quoiqu’il me seroit aisé, si je voulois, de prouver que cette drogue est plus commode et plus propre que les chats pour se défaire des rats et des souris. Sans entamer cette question, je finis en deux mots, Messieurs, par vous supplier d’examiner quelle est l’accusation et quel est l’accusé. Ces deux considérations, jointes à ce que je viens d’avoir