Page:Variétés Tome I.djvu/52

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cendue dudit eschaffaut en la chapelle qui est au-dessoubs, traisnant avec ladite corde la suppliante la teste en bas, où elle seroit demeurée mutillée en toutes les parties de son corps13, sans poulx, sentiment, ny cognoissance, pendant que le peuple irrité assomoit à coups de pierres et de ferremens ledit executeur et sadite femme. Ce mouvement passé, quelques uns, meus de compassion, auroient levé et transporté la suppliante en la maison d’un chirurgien, où elle a repris quelque esperance de vie par les secours et remèdes qui luy ont esté promptement administrez. Mais pourceque nostre dit parlement a commis sa garde à un huissier, l’apprehension d’un nouveau supplice luy est une continuelle mort, qui la contraint implorer nostre misericorde, et requerir très humblement nos lettres de remission necessaires. Eu esgard à l’imbecilité et fragilité de son sexe et de son aage, et à la diversité des tourmens qu’elle a soufferts en ses divers supplices, qui esgalent, voire surpassent la paine de sa condamnation ; à ce que, la vieillesse de ses père et mère relevée de ceste infamie, elle convertisse sa vie à


13. « Outre les deux coups de coutelas, elle a six coups de ciseaux : un qui passe entre le gosier et la veine jugulaire ; un autre sous la lèvre d’en bas, qui lui égratigne la langue et entre dans le palais ; un au dessous du sein, passant entre deux côtes, proche de l’emboiture du dos ; deux en la tête, assez profonds, quantité de coups de pierres, les reins entamés fort avant du coutelas, sur lequel elle étoit couchée, lorsqu’on la secouoit pour l’étrangler, et son sein et son cou plombés de coups de pieds de la bourelle. » Même relation.