Page:Variétés Tome I.djvu/66

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geries, qui leur sont si familières et ordinaires, que, quand vous repasserez sur toutes les singularités de corps et d’esprit qu’estimez resider en elles, vous n’y trouverez autre chose que singeries.

Un second passage, qui confirme grandement tout ce que j’ay advancé des singeries des femmes, est celuy qui se retrouve dans le mesme autheur.

Au commencement du monde, les dieux avoient fait un beau verger et avoient planté l’homme et la femme au milieu pour contempler les fruicts ; or, entre autres arbres, il y en avoit un de science et l’autre de singes, fruicts si agreables aux femmes, qu’elles quittoient le boire et le manger pour cueillir desdits singes, et despouilloient les branches, ne laissant rien sur l’arbre que les queües (de là vient que les singes sont aujourd’huy sans queüe).

Les dieux ayant remarqué ceste singerie, en punition attachèrent les femmes sur l’arbre et les entèrent sur les queuës des singes ; c’est pourquoy maintenant les femmes aiment tant la queüe, n’y ayant morceau de chair ni venaison qui leur semble de meilleur goust, et depuis ce temps-là on a nommé toutes les actions des femmes singeries.

Si maintenant je veux allegorier ce discours et en venir à l’experience, quelle femme se peut rencontrer en tout l’univers qui n’a passé son temps en singeries, en momeries, bombances et niaiseries ? Il ne faut point aller chercher d’exemples en Italie, le lupanar et la sentine de toutes les salletez des femmes ; il ne faut aller en Espaigne ny en Angleterre, mais il faut venir à Paris : vous y verrez une fourmilière, non de femmes, bien qu’elles en ayent