Page:Variétés Tome I.djvu/68

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la principale pièce, et de qui despend tout le mistère. Les singes n’ont point de queüe, n’aussi n’ont les femmes, et c’est en quoy elles se plaignent aussi bien que les singes ; toutefois, elles ont mille inventions pour en trouver : car, pour une seule peau de connin, elles auront la queüe de plus de cent veaux, ce que ne peuvent faire les singes. Aussi les femmes ont tousjours le bruit de mieux traffiquer que tout autre animal, et, de fait, elles bailleront tousjours le double pour le triple. Les singes, de honte, sont tousjours assis sur le cul, à cause qu’ils n’ont point de queüe, et les femmes se couchent sur le dos afin d’en avoir. Bref, il y a une grande simpathie entre le corps d’un singe et le corps d’une femme.

Venons maintenant à esplucher les actions de l’un et de l’autre, et voyons si la femme n’a pas une grande correspondance d’esprit avec la nature essentielle et quidditative du singe.

Le singe a un certain instinct de faire tout ce qu’il void faire, et de produire les mesmes actions au jour qu’il void exercer par ceux qu’il regarde ; peut-on trouver une singerie plus belle en la femme, laquelle ne s’ingère pas seulement de faire ce qu’elle void faire, mais mesme se veut quelquefois vaincre soy-mesme et aller au delà de ses forces ?

N’estoit-ce pas une vraye singerie que ceste royne superbe des Assiriens, Semiramis, laquelle massacra son mary et son fils Ninus pour regenter sur les hommes, et osa bien mesme, tant elle avoit le cœur d’imiter les actions des hommes, quitter les habits de femme et se revestir du manteau royal ?

N’estoit-ce point une singerie bien formée, de