Page:Variétés Tome II.djvu/112

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et commander à monsieur le chancelier de luy faire justice, ce que monsieur le chancelier a si religieusement et si soigneusement observé, que tousjours il a eu l’œil à cet affaire, et a voulu estre adverti chaque jour par monsieur le grand prevost de la connestablie de ce qui se passoit au procez. Pour l’expedition de cet affaire, Bertoloni avoit apporté procuration speciale d’Angelo Bossa, partie civile contre Fava, coppie collationnée de l’information et decret emané des sieurs juges de la nuit à Venise, la lettre escrite à Venise et envoyée par Fava à l’evesque de Concordia, et la quittance des neuf mil trois cens cinquante six ducats douze gros contenus en la lettre de change. Sur ces pièces, le procez est instruit, Angelo Bossa receu partie, Bertoloni oüy en tesmoignage contre Fava, Fava interrogé sur sa depposition, qu’il recognoist veritable ; la lettre et la quittance à luy representées et par luy recogneües, les recollemens et confrontations faites.

Depuis l’arrivée de Bertoloni, Fava, voyant que sa fuitte avoit manqué, ayant tousjours la presence de Bertoloni devant les yeux, et sçachant de jour à autre toutes les poursuittes que Angelo Bossa, sa partie, faisoit à l’encontre de luy, se desespera du tout, et de là en avant (sans pourtant en monstrer des signes exterieurs) ne chercha plus que les moyens de mourir, et mesme un jour se porta à une estrange et cruelle deliberation d’empoisonner luy, sa femme et ses enfans.

Le quatriesme jour de mars, il pria le geolier de luy faire venir un barbier pour luy coupper le poil.