Page:Variétés Tome II.djvu/127

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toujours au nombre de trois ; on sçavoit que le nombre de trois etoit son nombre favori : elle etoit née le trois fevrier, son père demeuroit aux Trois-Andouilles, elle etoit venue au monde avec trois dents, elle avoit trois trous au menton, elle avoit deja de la gorge à trois ans ; sa mère avoit eu trois maris, et le bruit couroit qu’elle avoit eu trois pères ; elle avoit trois guinguettes attitrées, sçavoir : Vaugirard, les Porcherons et la Courtille.

Semblable à la belle Helène, fameuse par son enlevement, ma Mie Margot a eu plus d’un Pâris, et a vu répandre du sang pour l’amour de son nom seul. Les femmes de ceux qui l’entretenoient à tour de rolle conçurent contre elle une si grande jalousie, qu’il y eut trois partis formidables qui conjurèrent


« Admirez le pouvoir de ses charmes ! dit M. Jaime, auteur de l’article qui accompagne cette reproduction. Elle a, sans doute, quitté la ruelle parfumée d’un grand seigneur ; elle a été trop festoyée chez les gens du bel air : il lui faut des succès nouveaux, et la voilà tombée dans les bras du peuple, ornée de fleurs et de rubans. La courtisane, les rubans et les fleurs, le peuple ramasse tout, comme les miettes d’un banquet royal. On la porte en triomphe : elle inspire l’allégresse en attendant qu’elle inspire la pitié. Crocheteurs, mitrons, rôtisseurs, cabaretiers, se sont tous cotisés pour payer les violons. Il n’y a pas jusqu’au commissaire qui l’escorte avec son greffier, et qui danse au milieu de ses administrés. C’est qu’en effet, tant que Margot n’aura pas attiré le guet, qu’elle n’aura pas cassé les vitres, le commissaire sera l’ami de Margot. » M. Jaime, depuis qu’il a écrit ces lignes, est devenu lui-même commissaire central à Versailles.