Page:Variétés Tome II.djvu/16

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Des Bretons la druë carole6,
Et la pavane à l’Espagnole7.
S’il faut danser les Matassins8,



avoient été, depuis Charles IX et Henri III, danses fort à la mode. Guil. du Sable a dit dans son Coc à l’âne, l’une de pièces de sa Muse chasseresse, Paris, 1611, in-12 :

Considerant le temps qui court,
Il faut, pour estre aimé en cour,
Bien basler et danser la volte.

6. Cette danse, qui s’exécutoit en rond, et que Jacques Yver appelle pour cela « la ronde carole » (Printemps d’Yver, journ. 3), avoit donné naissance au mot caroleur, qui se trouve dans le roman de la Rose, et à caroler, qui se lit dans les poésies de Froissart. Elle n’étoit point particulière aux Bretons, qui même lui préferoient de beaucoup leur trihori. On la dansoit beaucoup à Paris, où se trouvoit même un carrefour qui lui devoit son nom de Notre-Dame-de-la-Carole.

7. Ce vers confirme l’opinion de Furetière, qui veut, en dépit de Ménage et d’un passage d’Antonio Massa Gallesi (De exercitatione jurisperitorum, liv. 3), que la pavane vienne d’Espagne, et non pas de Padoue. Elle étoit depuis longtemps à la mode. Marguerite de Valois fut l’une des dernières qui la dansèrent bien. (V. Mél. d’une gr. biblioth., t. 30.)

8. Encore une danse espagnole, mais plus vive que la pavane. C’étoit une imitation de la pyrrhique antique, et, comme elle, elle se dansoit avec des épées. « L’on voyoit, lit-on au livre VII de Francion, qu’ils se battoient de la même façon que s’ils eussent dansé le ballet des Matassins, ou l’on fait cliqueter les épées les unes contre les autres, ce qui est une abrégée de la danse armée des anciens. » Molière, en la plaçant dans le ballet de Pourceaugnac, lui fit singulièrement perdre de son caractère.