Page:Variétés Tome II.djvu/15

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Monta au feu Sainct-Jean en Grève4 ;
Mais le feu, ne l’espargnant pas,
Le fit sauter du haut en bas,
Si que, pour attiedir sa peine,
Il se relança dans la Seine,
Où Neptune au festin estoit
D’une Nymphe qui le traictoit.
Ce fut un asseuré presage
Que Jean aymeroit ce rivage,
Et que ses exploits les plus beaux
Il feroit aux rives des eaux ;
Bref, sa retraite journalière
Seroit au bord de la rivière.
—-Or, le jour que ce pauvre oizon
Parut dessus nostre orizon,
Et que l’estoile matinière
Descouvrit son heure première,
Sa mère estoit en un grenier
Logée près d’un menestrier,
Qui faict que Jean sçait la practique
De toute sorte de musique,
De rondeaux, ballades, chansons,
Les voltes5 de toutes façons,
Les courantes, la sarabande,
Et des branles toute la bande,
Mesmes celuy des bons maris,
Qu’on souloit danser à Paris,



4. V. pour ce feu de la Saint-Jean sur la place de Grève, et sur les auto-da-fé de chats qu’on y faisoit, une longue note de notre édition des Caquets de l’Accouchée.

5. Les voltes, dont la plus fameuse étoit celle de Provence,