Et de vray, qui voit la caresse
De Jean, il n’y a point d’adresse ;
Jean se loue de tout costé.
Jean n’eust jamais l’ame captive,
Jean rid tousjours, pourveu qu’il vive,
Il ne voudroit pas estre un roy ;
Jean n’offence jamais personne,
Jean ne craint point qu’on l’emprisonne,
Jean ne faussa jamais sa foy.
Après le bonjour ordinaire,
Jean, chargé comme un dromadaire,
Le linge encore degoutant,
S’en va par la plus courte voye
À la maison où on l’envoye
Se descharger, tousjours chantant.
Poussé d’une mesme alegresse,
Jean s’en retourne de vitesse,
Du fromage et du pain portant,
Et de vin nouveau la choppine
Pour le desjuner de Bertine ;
Mais Jean en est participant.
Ô Dieu ! quels bons mots ils se dient
Quant à desjeuner se convient !
Si nous les avions tous escrits,
Ils nous feroient crever de rire.
Relisez les Fleurs de bien dire16 :
16. Fleurs de bien dire, recueillies des cabinets des plus rares esprits de ce temps, pour exprimer les passions amoureuses de l’un comme de l’autre sexe. Paris, Guillemot, 1598, pet. in-12. — V., sur une autre édition de ce livre de François Desrues, une note de notre édition du Roman Bourgeois, p. 88.