Page:Variétés Tome II.djvu/216

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semblent avoir voulu faire, avant que de descendre icy, un miracle de doctrine sans imitation comme il est sans faute. Pour moy, je ne te seray pas inutile : je sçay bien ramer, j’aideray à la conduite de ta barque. Charon le creut et laissa l’entrée libre à Jean Petit6, à Pierre de Larivey7. Le batteau, chargé deux fois plus qu’à l’ordinaire, chanceloit et commençoit à deux cens pas du bord de deçà à s’enfoncer. Chacun vouloit bien se sauver, mais pas un ne vouloit se defaire de ses petits meubles. L’un portoit avec soy la superbe, un autre l’avarice, un autre la pedanterie et la suffisance, un autre des badineries, des bagatelles d’amour et de galanterie ; mais chacun cherissoit tant ses pacquets qu’ils eussent consenty d’estre noyez et de mourir de rechef plustost que de s’en deffaire. Le vaisseau, ainsi surchargé, alloit perir ; mais voicy un accident qui hasta sa perte. Un ajusté de Paris, qui avoit payé M. Jean


6. Rival de Mauregard pour les prophéties. Sa réputation lui survécut long-temps. En effet, bien qu’il soit donné ici pour bel et bien mort, nous le trouvons encore nommé parmi les prophètes en crédit dans une mazarinade : Catastrophe burlesque sur l’enlèvement du roi… 1649, et, plus tard encore, dans le Roman bourgeois. (V. notre édit., p. 309.)

7. Il ne faut pas le confondre avec l’auteur des comédies, duquel, d’ailleurs, on le distinguoit de son temps en l’appelant Larivey le jeune, comme on le voit par ce passage de Francion : « Quand nous étions à Paris, n’as-tu point leu l’almanach de Jean Petit, Parisien, et celuy de Larivay le jeune, Troyen ? Il m’est advis qu’ils pronostiquoient mes advantures. » (L’Histoire comique de Francion, Paris, 1663, in-8, p. 604, liv. 11.)