Page:Variétés Tome II.djvu/23

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Continuation du bonheur et contentement de Jean sur le
subject de son mariage avec Jeanne la Grise.

Qu’est-ce que j’entend par la ville
Du mariage d’une fille
Si heureuse, qu’à ceste fois
Pas ne voudroit faire un eschange
De Jean contre le pont au Change17
Ny tous les thresors des grands roys ?
—-Ceste fille fut caressée
Autrefois et fort pourchassée
Par gens qui ne font que causer :
Chacun l’appeloit son cœur gauche,
Chacun vouloit faire desbauche,
Chacun promettoit l’espouzer.
—-Cela s’appeloit par leurs signes
Mariages de Jean des Vignes18,
Quand chacun trousse son pacquet
Le lendemain des espousailles,
Qui precèdent les fiançailles.
Tout cela n’estoit que caquet.
—-Jean, le jour d’une bonne feste,
Vestu d’habit assez honneste
Alloit prendre son passetemps.
Il rencontre Jeanne la Grise,


17. Les forges d’orfèvres et les boutiques de changeurs qui s’y trouvoient faisoient de ce pont la rue la plus riche de Paris.

18. Le proverbe dit : Mariage de Jean des Vignes, tant tenu, tant payé ; c’étoit ce que nous appelons une passade. Quitard, Dict. des Prov., p. 475.