Page:Variétés Tome II.djvu/24

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Il cause avec elle, il devise :
Il la cognoissoit dès long-temps.
—-Jean luy presente son service,
Tournant son chapeau, puis luy glisse
L’une des mains sur son devant.
Jeanne, qui estoit amoureuse
De Jean, s’estimoit trop heureuse
De ce qu’il parloit si avant.
—-Jean, pour n’encourir vitupère,
En fit la demande à son père,
Un maistre juré chiffonnier :
Car la mère estoit en service,
Ou, ce me semble, estoit nourrice
Chez la fille d’un cordonnier.
—-Jean le Gris se nommoit le père,
Philippote Maucreux la mère,
Qui prindrent à fort grand honneur
D’avoir, pour marier leur fille,
Si noblement en ceste ville
Fait rencontre d’un tel seigneur.
—-Pour contracter ce mariage,
Jean n’y voulut point de langage,
Car le conseil en estoit pris.
Ou n’apporta papier ne plumes :
Il fut faict aux uz et coustumes
De la prevosté de Paris.
—-Huict jours après, sur les quatre heures,
Ils partirent de leurs demeures
Pour s’en aller à Sainct-Merry.
Poussez de mesme cœur et d’ame,
Là Jean prist Jeanne pour sa femme,
Jeanne prist Jean pour son mary.