Page:Variétés Tome II.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ô le bel age d’or aux effets inoüis !
Capable de regner au regne de Louys
————-Victorieux et juste !
Comme roy meritant et la gloire et le nom
————-De l’empereur Auguste,
En Mecènes plus riche, et non pas en renom.



tire 4e de Regnier, ce passage de la Muse infortunée, qu’il dit être confirmé par Colletet. Ainsi, selon lui, il est certain que Henri III donna à Desportes « dix mille écus d’argent comptant pour mettre au jour un très petit nombre de sonnets. » Balzac, dans un de ses Entretiens, énumère les dons que Desportes reçut en récompense de ses poésies, sans oublier l’abbaye dont M. de Joyeuse le gratifia pour un sonnet ; et il ajoute : « Dans cette même cour où l’on exerçoit de ces libéralités et où l’on faisoit de ces fortunes, plusieurs poètes étoient morts de faim, sans compter les orateurs et les historiens, dont le destin ne fut pas meilleur. Dans la même cour, Torquato Tasso a eu besoin d’un écu, et l’a demandé par aumône à une dame de sa connoissance. Il rapporta en Italie l’habillement qu’il avoit apporté en France après y avoir fait un an de séjour, et toutesfois je m’assure qu’il n’y a point de stance de Torquato Tasso qui ne vaille autant pour le moins que le sonnet qui valut une abbaye. Concluons que l’exemple de M. Desportes est un dangereux exemple ; qu’il a bien causé du mal à la nation des poètes ; qu’il a bien fait faire des sonnets et des élégies à faux, bien fait perdre des rimes et des mesures. Ce loisir de dix mille escus de rente est un écueil contre lequel les espérances de dix mille poètes se sont brisées. C’est un prodige de ce temps-là, c’est un des miracles de Henri III, et vous m’avouerez que les miracles ne doivent pas être tirez en exemple. »