Page:Variétés Tome II.djvu/252

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Mecènes genereux, qui n’eussent veu jamais
Un poëte vingt ans suer après les faits
————-Des rois sans recompense.
Tairay-je ou puniray-je aux siècles advenir,
————-Maintenant que la France
A de ce qu’elle estoit perdu le souvenir ?

Comme je blanchiroy, par debvoir engagé,
Les hommes de vertu qui m’auroient obligé,
————-Noirciray-je de mesme
Ceux qui de la vertu ne daignent faire cas ?
————-Plein de colère extrême
Envoiray-je leurs noms au fleuve du trespas ?

Jupiter nous enseigne, en retenant ses feus,
Que le patienter en un cœur genereux
————-Se donne la victoire.
Ainsi, des Yveteaux, nous patienterons ;
————-Mais l’oseray-je croire ?
Et l’estimerez-vous que ce bien nous aurons ?

Il est très difficile ; en cour on n’aime plus
Ces vers ronsardisez, que l’on dit superflus,
————-Et de la vieille guerre.
Les bois et les forêts y perdent leurs valeurs ;
————-On n’y veut qu’un parterre
Sans fueille et sans ombrage esmaillé de couleurs.

Il faut que le bon mot y glisse dans les vers,
Comme fait la chenille entre les rameaux vers,
————-Et forcer la nature,
Ou que, tournant le dos à la veine des Grecs,
————-On batte la mesure
Des chantres espagnols quand ils font leurs regrets.