Page:Variétés Tome II.djvu/270

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proche environ de sept ou huict lieües, je rencontray un courier assez mal monté qui venoit au devant de moy affin de m’apprendre les stratagèmes qui s’estoient passez au marché aux pourceaux5 ; sur quoy, l’interrogeant particulierement, il me dict qu’un frippon d’advocat, voyant que sa practique n’estoit bonne que pour enveloper des andoüilles ou des cervelas, s’en estoit allé audit marché avec un charlatan, et que là ils avoient affronté un marchand, mais toutes fois que le retour avoit esté pire que les matines, d’autant qu’au bout de trois sepmaines son logis fut descouvert, où l’on chanta de terribles Gaudeamus.

Quinto, si je croyois que l’on me deubt croire, je reciterois un faict estrange arrivé pendant ces vendanges dernières, proche du village de Fontenay sur Baigneux. Qu’on me croye ou qu’on ne me croye pas, puisque j’ay entrepris de reciter tant en gros qu’en destail les nouvelles de ce temps, je vous diray qu’une fille aagée de vingt-deux à vingt-trois ans, ayant les vazes plus secrets de la nature bouchez et obtuperez, en sorte qu’elle ne pouvoit faire la lescive au declin de la lune, ainsi qu’elle avoit accoustumé, trouva un remède très souverain pour sa douleur : c’est qu’elle fist accroire à sa mère qu’elle estoit subjecte à un mal pour le remède duquel son confesseur luy avoit conseillé de faire un


5. On sait qu’il se tenoit au bas de la butte S.-Roch, et que c’étoit une sorte de foire permanente. V. notre Paris démoli, 2e édit., p. 177, 366–367.