Page:Variétés Tome II.djvu/271

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voyage en Brie, tellement que le bon naturel de ceste mère permist à nostre petite effrontée d’y aller descharger son pacquet, où elle accreut le nombre des veaux ; toutes fois c’estoit un veau retourné, car il portoit la queüe devant, et les autres la portent derrière.

Si je passe plus outre et que l’humeur me prenne de vous faire rire à gueule bée, je ne sçay si vous dirés que je suis un drolle et que j’en sçais de bonnes. Je l’espère ainsi : voilà pourquoy, messiores drolissimi, galandissimi et curiosissimi, sachez in globo qu’estant retourné de par deçà je n’estois plus par les chemins, et que j’ay trouvé aux faux-bourgs S.-Germain, en une fameuse academie6 où l’on ne court jamais en lice que l’on ne rompe, une certaine damoiselle natifve de Paris, des mieux equipées et caparasonnées, gouluë au possible, qui, s’estant delectée dans les jardinages du père d’Amour, et qui, pour avoir mis trop souvent le cul contre terre, le ventre luy en est tellement enflé pendant l’absence de son mary, que quelque dix ou onze mois après elle a remis le paradis terrestre au monde en produisant le fruict de vie, que l’on dit pourtant avoir esté planté aux despens d’une abbaye : Et hoc plusquam verum.

Item, si le loisir me permettoit de faire deduction


6. Le faubourg S.-Germain étoit rempli d’académies de toutes sortes : académies d’armes, de jeu, etc., et plus encore de celles dont il est parlé ici. V. notre tome 1er, p. 207–208 et 219, note.