Page:Variétés Tome II.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beau reiglement dressé pour distinguer les qualitez des personnes de merite d’avec les autres. Grand cas, rien ne s’observe, tant la licence est grande en France, où l’on se plaist de vivre en confusion. L’on dit aux pays estrangers qu’en ce royaume nous avons les plus belles lois et ordonnances du monde, mais qu’elles sont très mal observées ; tous les François veullent estre egaux comme de cire. C’est l’un des principaux pactes de mariage que de stipuler une maison à porte cochère8 et un carrosse pour madamoiselle. Et Dieu sçait, s’il manque en après quelque chose, si on court au voisin ou à l’amy ! Ceux qui ont donné le nom de macquerelle à ceste isle agreable proche le Pré aux Clercs9, s’ils retournoient en vie, pourroient bien appeller les carrosses macquereaux et les cochez maccabées. Teste d’un petit poisson ! si les putains par Paris n’alloient point en carrosse, comme il est deffendu à Rome aux cour-


8. V., sur l’importance que donnoit à son propriétaire et à ceux qui l’habitoient une maison à porte cochère, une note de notre édition du Roman bourgeois, p. 294.

9. On pense qu’elle devoit son nom aux rixes fréquentes (mal querelles) qui s’y livroient entre les écoliers de l’Université, et non pas, comme l’a dit M. Eloi Johanneau dans une note de son Rabelais (t. 2, p. 335), au voisinage du moulin de Javelle, dont la réputation de débauche ne commença que bien plus tard. On l’appelle aujourd’hui l’île des Cygnes, à cause d’un certain nombre de ces oiseaux que Louis XIV y fit mettre, « sous la protection du public », par ordonnance du 16 octobre 1676, et dont il est parlé avec de grands détails dans l’Ambigu d’Auteuil (1718, in-12, p. 70).