Page:Variétés Tome II.djvu/30

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cèrent à avoir diverses opinions de leur dict maistre, ne cognoissant quel homme il pouvoit estre4 ; et, sur ces propos, lesdicts deux cuisiniers qui faisoient la patisserie, et aussi une servante, estans ensemble, observent et espient en un certain jour par les fentes d’une paroy leur dict maistre, et veirent qu’il comptoit et mettoit en des sacs grande somme de deniers. Pour laquelle occasion, eux estans tentez du peché d’avarice, font si finement, qu’ils luy en desrobent et volent une grande partie, et se mettent en chemin pour aller à Medine. En allant, ils pensèrent à leurs consciences, et comment ils estoient en danger d’estre apprehendez comme voleurs et punis par justice. Pour eviter laquelle peine, ils s’advisent d’aller trouver le juge de Medine, et luy


4. Dans le drame dont nous venons de parler, et qui est l’œuvre très remarquable d’un poète qui n’a pas voulu se faire connoître, le faux D. Sébastien, pâtissier, joue son rôle à peu près de la même manière. M. Louis de Viel-Castel, qui a donné de cette pièce une très bonne analyse dans son article Théâtre espagnol — Le drame historique (Revue des Deux-Mondes, 1er novembre 1840, p. 340–343), détaille ainsi ses premières manœuvres : « Gabriel d’Espinosa (c’est le véritable nom du faux Sébastien) n’est, il faut bien prononcer le mot, qu’un simple pâtissier ; mais, abandonnant à des valets les occupations de cette vulgaire industrie, il a soin de se répandre dans le peuple, de se montrer généreux, désintéressé, de donner, toutes les fois que l’occasion s’en présente, des témoignages de sa bravoure, de sa force prodigieuse, de son adresse, et il ne manque pas de manifester de préférence ces qualités, si séduisantes pour le vulgaire, dans certains exercices où l’on sait qu’excelloit le roi dont il veut prendre la place. »