Page:Variétés Tome II.djvu/317

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quelqu’un, feront mille discours de la diminution du revenu des champs, du peu de seureté qu’il y a de donner son argent à constitution de rente, à cause des banqueroutes, du peu d’envie qu’ils ont de bastir, à cause de la meschanceté des ouvriers, se contentant, à leur dire, de faire bastir à cinq ou six endroicts aux environs de leurs terres seulement pour s’exercer, et crachent rond parmy leurs discours comme s’ils vouloient jeter des perles par la bouche ; après viendront sur leur quant-à-moy et feront une dissection de leurs braves exploitz quy seront encore à naistre, ou de nouvelles du temps, dont ilz seront asseurement les autheurs, et, pour s’en faire accroire davantage, changeront de nouveaux noms à leurs laquais adoptifs pour montrer qu’ilz se font servir par douzaine, et luy feront changer aussy de diverses lyvrées acheteez à la friperye, afin qu’on les tienne pour quelque chose de plus qu’ils ne croyent eux-mesmes.

Et si d’advanture le revenu de leur invention ne peut fournir au luxe du rang qu’ilz veulent tenir, vous les verrez prendre la sotane à la romaine pour sauver autant d’etoffe3 et se faire dire partout gen-


une note des Ordonnances d’amour, p. 192. À la fin du XVIIe siècle, ces pierres fausses s’achetoient au Temple et dans les environs. « Les garnitures de pierres fausses, lit-on dans le Livre commode des adresses, se vendent dans le quartier du Temple. » Le nom de diamant du Temple leur en étoit venu.

3. Espèce de soutanelle qui n’alloit que jusqu’aux genoux. Les ecclésiastiques de Rome la portoient toujours ; ceux de France ne s’en vêtissoient qu’en voyage.