devenus gazetiers4 et leurs femmes boulangères5 ; et, comme ils sont fort dispos et legers du pied, ils vont d’un bout de Paris à l’autre en quatre cabriolles ; et, comme ils sont connus dans les grandes maisons, au lieu de sarabandes ils y donnent des pièces d’Estat, et courent mesme jusques à Sainct-Germain porter nouvelles certaines de tout ce qui se passe icy. Vous y voyez aussi des boutiques de peintres remplies de grotesques, de moresques6 et mille autres fantaisies qui changent à tous momens, et qui, par un artifice merveilleux, prennent toutes sortes de couleurs, de postures et de visages, selon l’adresse du peintre, qui tantost les fait voir en pourfil, tantost en face, tantost demie-face, et puis incontinent après les couvre d’un voile desguisé. Vous y voyez aussi un tableau qui d’un côté represente l’image de l’Inconstance, et de l’autre celle de la Mort, qui se mocque de ceux qui la regardent7,
4. C’est-a-dire faiseurs de mazarinades. Tout le monde s’en mêloit. (V. Leber, De l’état réet de la presse et des pamphlets jusqu’à Louis XIV, etc., p. 105.) Selon Naudé, la pièce les Admirables sentiments d’une villageoise à M. le Prince est de la servante d’un libraire, « qui en faisoit après avoir écuré ses pots et lavé ses écuelles. » Mascurat, p. 8 et 9.
5. Le pain de Gonesse n’arrivant plus à Paris, à cause du blocus, toutes les femmes étoient obligées de pourvoir à ce manque de provision et de se faire boulangères.
6. C’étoient des meubles d’ébène, comme ces guéridons à têté de More que Mazarin avoit, entre autres curiosités, fait venir d’Italie. (Naudé, Mascurat, p. 72.)
7. Ces tableaux à double visage, qu’on a pu croire nouveaux de notre temps, ne l’étoient même pas à l’époque où