Page:Variétés Tome II.djvu/328

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parce qu’elle les juge à leur maintien n’avoir pas assez de resolution pour se deffendre de sa tyrannie. Mais en autres vous y remarquez un pourtraict bien achevé, qui represente un grand navire au milieu des tempestes d’une mer courroucée, poussé des vents, agité des orages, sans arbre, sans voiles, sans timon, abandonné de son pilote et delaissé des autres, qui, prevoyant son prochain naufrage, n’ont autre esperance que de se sauver sur ses debris et de gaigner le havre. Vous voyez dans le mesme tableau quantité de personnes qui considèrent avec autant de pitié que d’estonnement la perte de ce prodigieux vaisseau, et semblent, à leur posture, estre entierement animés contre des traistres qui, ayant sous main couppé son mast, ont medité sa perte et procuré sa ruine. L’on voit aussi dans cette foire des tableaux qui representent des joüeurs de gobelets,


parut cette mazarinade. Dans le Moyen de parvenir (111), quand il est dit : « Lisez ce volume de son vrai biais. Il est fait comme ces peintures qui parlent d’un et puis d’autre », on entend parler de tableaux de la même espèce. Carle Vanloo perfectionna cette invention pour en faire une flatterie à l’adresse d’un roi qui n’en méritoit guère : « Il avoit peint toutes les vertus qui caractérisent un grand monarque. On engagea le roi (Louis XV) à regarder ce tableau au travers d’un verre à facettes ; toutes ces figures se réunirent, et il ne vit plus que son portrait. » Gudin, les Mânes de Louis XV, p. 90. — Je crois qu’il est fait allusion à ces tableaux dans une autre mazarinade, le Miroir à deux visages opposés, l’un louant le ministère du fidèle ministre, l’autre condamnant la conduite du méchant et infidèle usurpateur et ennemi du prince et de son état, 1649, in-4.