retiré lettre de change souz le nom du sieur Antonio Bertoloni. J’envoye la lettre de change à monsieur l’evesque de Venafry, pour lequel je vous supplie de donner ordre qu’il ayt de tels diamans, perles et chesnes d’or qu’il vous fera entendre.
La lettre adressante à Antonio Bertoloni estoit de telle teneur : Je vous envoye la lettre de change des dix mille ducats dont je vous avois escrit il y a trois jours ; vous la presenterez et vous ferez payer du contenu en icelle, et achetterez de tels diamans, perles et chesnes d’or que vous ordonnera monsieur l’evesque de Concordia, et baillerez le tout à celuy qu’il vous dira.
L’evesque de Concordia ayant veu ces lettres, conseille à Fava de prendre luy-mesme la peine d’aller à Venise pour se faire faire son payement, et que peut-estre un autre ne prendroit pas des diamans, perles, chesnes d’or selon son affection, et qu’entre Padouë et Venise il y avoit fort peu de danger d’estre recogneu, d’autant que le voyage se fait par eau en barque couverte.
Fava n’affectionnoit point autrement d’aller à Venise, non pas de peur qu’il fust recogneu d’estre l’evesque de Venafry, mais bien de ne l’estre pas ; et toutes fois, persuadé par l’evesque de Concordia, il se resolut à faire le voyage, et, pour cet effet, prit lettres de creance de l’evesque de Concordia vers Bertoloni. Arrivé qu’il est à Venise, accompagné de Giovan Pietro Oliva, un autre frère de sa femme, qu’il disoit estre son serviteur, et nommoit Giovan Baptista (auquel il avoit dit qu’il feignoit d’estre evesque, et vouloit souz ceste feinte et par une ga-