Page:Variétés Tome III.djvu/110

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Par exemple, Sire, il est très necessaire de considerer le peu de commoditez que tous vos sujets en general reçoivent des estrangers, et encore de se peu de chose ils peuvent leur en passer.

D’autre part, les grands moyens que nous avons en France de tirer des nations estrangères leur or et leur argent (et non pas eux le nostre, comme ils font tous les jours) par les ventes de nos bleds1, vins, sels, pastels2, toilles, draps3, et d’un nombre infiny


1. Alors la France produisoit assez de blé pour en pouvoir exporter à l’étranger. On en a la preuve non seulement par ce passage, mais par plusieurs autres écrits du temps. Palma Cayet, dans sa Chronologie septennaire (1602, édit. Michaud et Poujoulat, p. 208), nous montre la France abondant « en blés, vins, huiles, fruits, légumes, guèdes ou pastels, outre les grandes et foisonneuses nourritures de bétail et haras. » Isaac de Laffemas, dans son Histoire du commerce de France, est plus explicite : « Il me semble, quant à moy, dit-il, que nous avons icy quantité de fer, de papier, de pastel, de bleds et de vins pour envoyer aux pays estranges, et que cela nous peut apporter un grand revenu. » (Archives curieuses, 1re série, tome 14, page 429.)

2. La culture du pastel étoit une immense richesse pour les environs de Toulouse, et surtout pour le pays de Lauraguais. On exportoit chaque année deux cent mille balles de ces coques par le seul port de Bordeaux. « Les étrangers en éprouvoient un si pressant besoin, que, pendant les guerres que nous avions à soutenir, il étoit constamment convenu que ce commerce seroit libre et protégé, et que les vaisseaux étrangers arriveroient désarmés dans nos ports pour y venir chercher ce produit. Les plus beaux établissements de Toulouse ont été fondés par des fabricants de pas-