Page:Variétés Tome III.djvu/174

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core point veu de coquilberts. Sont-ils plus grands que les chameaux de M. de Nevers ? Sont-ils de la race de Bucefal ou du cheval Pegasus ? Je te prie de me le dire ou m’en figurer un comme tu sçais bien qu’ils sont, et je te bailleray à boire dans ma gourde de ce bon vin que l’on m’a baillé chez M. Asdrubal. Piedaigrette, ayant fait un pet, un rot et un siflet, commença à faire un long discours, en disant en langage commun : Au temps des bons pères Rouselay15, Sardini16, Bonnisi, Cenami et autres pères anciens sortis du fin fond de la Lombardie, les coquilberts commencèrent à naistre en nostre France, et, faisant des petites legions, s’escartèrent par tout nostre royaume. Douane commença à gouverner à Lyon : traites foraines, partout nouvelles impositions à Paris ; enfin le père Louvet fut deputé pour empescher les coquilberts de vivre, et fit une armée de mousches pour faire le degast des vivres des coquilberts, desquelles il fit Benard capitaine, Molart lieutenant, Honoré enseigne, Poupart sergent, et pour le moins deux cens apointez qui faisoient garde jour et nuit, tellement que tous les pauvres


15. Il faut lire Ruccellaï. C’est un de ces Italiens qui faisoient alors les grosses affaires de finances. V. notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 40–41.

16. Scipion Sardin fut le plus fameux de ces Italiens enrichis. V., sur lui, le Journal de l’Estoille, édit. Lenglet-Dufresnoy, t. 1er, p. 102, 485, et t. 2, p. 5. — Il possédoit une fort belle maison au faubourg Saint-Marcel, dans une rue qui s’appelle encore, à cause de lui, rue Scipion. Sa maison, devenue la manutention des hospices de Paris, porte aussi ce nom.