Page:Variétés Tome III.djvu/181

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Piedaigrette, quand tu voudras, et sortons hors d’ici. Ayant donc passé Stix, nous beusmes ensemble avec le père Caron, qui est vrayement bon vieillard, et, estant sorti des Champs-Élisées, Piedaigrette dit : Allons par quelque chemin écarté, de peur des mousches de monsieur Largentier de Troyes24, qui est venu de nouveau faire la guerre aux coquilberts de Paris. — Et quelle guerre est-ce ? dit monsieur Guil : C’est pis que celle de Louvet ; il s’est emparé du château des quatre fils Aymon ; il a pris pour maistre mousche le père Adam ; il l’envoye sous terre et fait plus de trouble au royaume avec son escritoire. Estant doncques le Père aux pieds et M. Guil. prests à se separer, Piedaigrette luy recommanda toutes ses affaires, atendu la faveur qu’il avoit en court, le pria d’avoir souvenance en son memento des folles enchères d’un pauvre coquillebardier ; et, s’estant dit l’un à l’autre un long vale, et adieu ! M. Guil., adieu ! Piedaigrette, adieu ! adieu ! M. Guil. s’en va au Louvre, et Piedaigrette à la taverne chez le père Charpin, où il rencontra le père Gauderon qui beuvoit demi-setier du muscat de Vitry, auquel ayant compté plusieurs choses, recommencèrent à succer le tampon, et de là en sa maison, ou à grand’peine ses jambes de fuzeaux peurent reporter sa teste de veau, et atend au coing de son feu le paquet pour porter aux Champs-Élisées.

Et quant à maistre Guillaume, estant près du Louvre, il s’en va chez M. de Montauban25, auquel


24. G. L’Argentier, administ. du bail des fermes sous Henri IV. V. Grosley, Œuvres posthumes, 1, p. 14–19.

25. Moysset, dit Montauban, du nom de sa ville natale, étoit trésorier de l’épargne. V., sur lui et sur ses manœu-