Page:Variétés Tome III.djvu/245

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Moustasse qu’on avoit jadis accoustumé
Porter rase, qui lors vouloit estre estimé.
Mais venons aux habits desquels leurs corps je couvre,
Où mon authorité encor mieux se descouvre.
Quelle nouvelleté n’ont souffert les chappeaux !
Combien leur ay-je fait de changemens nouveaux7 !
Je leur ay fait donner la façon albanoise,
Qui a pour quelque temps eu le nom de françoise,
Puis je les ay fait plats avec un large bord.
Ceste façon plaisoit aussi bien à l’abord ;
Mais elle a maintenant perdu toute sa grace ;
On n’en fait plus d’estat, une autre a prins sa place,



« Ils vous respondront que leur habit, leur desmarche et leur barbe est à l’espagnolle. » (Le Courtisan à la mode, p. 8.)

7. On trouve dans une pièce déjà citée, la Mode qui court (ibid.), des détails sur ces diverses formes de chapeaux, ronds, pointus, hauts de forme, en pot à beurre, comme dit G. Naudé, ou à l’albanoise, comme on dit ici ; sur les cordons, les panaches, etc. « Les chapeliers, y est-il dit, se plaignent que tant de chouses (modes) nouvelles leur font perdre l’escrime en la fabrique des chappeaux. L’un les veut pointus en pyramide, à la façon des pains de sucre, qui dansent en cheminant sur la perruque… ; d’autres les veulent plats à la cordelière, retroussez, en mauvais garçon (par signe seulement), avec un pennache cousu tout autour, de peur que le vent l’emporte ; d’autres en veulent en façon de turban, ronds et peu de bords… » Le Courtisan à la mode (p. 5) parle aussi de ces diverses formes, chapeaux en preneurs de taupes, chapeaux hors d’escalade, c’est-à-dire très pointus, très à pic. Dans les Loix de la galanterie, la même expression est employée, et il y est dit en outre : « L’on a porté des chapeaux fort hauts, et si pointus qu’un teston les eût couverts. » M. Castaigne cite en note sur ces hauts chapeaux d’Albanois un passage des Œuvres morales, etc., de Jean des Caurres, fol. 602, verso.