Page:Variétés Tome III.djvu/246

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Qui a la teste ronde avec les bords estroits,
Et semble mieux turban que chappeau de François ;
Et comme le chappeau de façon renouvelle,
Fais-je pas au cordon une forme nouvelle ?
Ne l’ai-je pas fait gros et puis après petit ?
Tantost plat, tantost rond, selon mon appetit ?
Je serois trop longtemps si je voulois te dire
Combien je fais par là ma puissance reluire.
Depuis deux ou trois ans seulement, les cordons
Ayans plus de vingt fois rechangé de façons,
Je leur ay pour un temps mis des boucles dorées ;
Personne n’en a plus, on les a retirées ;
Je les fais maintenant moitié d’un crespe fin
Bouffant en quatre plis, et moitié de satin.
Naguères l’on n’osoit hanter les damoiselles
Que l’on n’eust le colet bien garny de dentelles ;
Maintenant on se rit et moque de ceux-là
Qui desirent encor paroistre avec cela.
Les fraizes et colets à bord sont en usage.
Sans faire mention de tout ce dentellage,
J’observe tout le mesme à l’endroit des rebras8,
Les quels j’ay fait porter tantost haut, tantost bas,
Tantost pleins de dentelle, et quand je veux j’y prise
Avec le point couppé9 l’ouvrage de Venise.
Mais ces braves rebras ont perdu leurs beautez ;
Ceux à bords maintenant sont les plus usitez.
À leurs pourpoints je fais tousjours nouvelle forme :



8. Repli, revers, parement.

9. Le point-couppé étoit une dentelle à jour qu’on faisoit en collant du filet sur du quintin, et en perçant et emportant la toile qui étoit entre deux. V., sur le commerce du point-couppé, les notes d’une des pièces précédentes.