Page:Variétés Tome III.djvu/250

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N’avoir pas les souliers camus comme autrefois18,
Ny plats, à la façon des lourdauts villageois ;
Il les faut façonner d’une juste mesure,
Le talon eslevé et plein de decouppure.
Qui les porte autrement, il entendra tout haut
Que quelque courtisan l’appellera maraut ;
Comme qui trop hardy voudroit hanter le Louvre
N’ayant pas sur le pied une rose qui couvre
La moitié du soulier19, ou qui en porte encor
Qu’il n’y ait à l’entour de la dentelle d’or.
Mais quiconque, d’honneur desireux, a envie
Au modelle de court de conformer sa vie,
Il ne faut pas tousjours estre chaussé ainsi ;
Il faut qu’il ait souvent la botte de Roussy20,



sage des jarretières chasse-mouches, larges, à grandes franges, pour défendre à la crotte de toucher au bas, etc. » (La Mode qui court, etc.)

18. Ces souliers camus sont ce que Scarron, dans son Epistre burlesque à madame de Hautefort, appelle avec tant d’esprit :

Galoches à dormir debout.

19. « Mais voicy un autre tintamarre : tous se plaignent que les laitues pommées et roses sont fort renchéries depuis peu de temps. Les jardiniers n’en sont pas marris ; ils en rient tant qu’ils peuvent, car elles n’estoient en usage il y a environ deux ou trois mois qu’en salade ; maintenant Chouse (la mode) les fait servir en souliers, voire des laquais, palfreniers et gens de néant. Je croy que c’est pour tenir le soulier ferme, selon l’ordonnance :

Ne vagus in laxa pes tibi pelle natet,

afin que le soulier ne branle dans le pied. » (La Mode qui court, etc.)

20. Les bottes en cuir de Russie étoient alors à la mode. Tout le monde en vouloit, vieilles ou neuves, avec éperons