Page:Variétés Tome III.djvu/252

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Court, mais de bonne trempe, inutil toutes fois
Aux batailles que font maintenant les François ;
La garde faite en croix ou en forme aquileine,
Toute luisante d’or ou d’esmail toute pleine ;
Qu’il ait le manteau court, car d’en porter de longs,
Comme anciennement., qui battent les talons,
L’usage en est perdu, si ce n’est quelque prestre
Sage en théologie ou qui soit ès arts maistre,
Ou quelque conseiller, ou quelque president,
Ou un qui s’enrichit au Palais en plaidant :
Car sans risquer l’honneur ceste mode est permise
Aux hommes seulement de justice ou d’eglise,
Qui ne vont pas s’ils n’ont la sutenne dessous,
Qui leur pende beaucoup plus bas que les genous ;
Qu’il l’ait, dis-je, si court que sa longueur ne puisse
Que couvrir tout au plus la moitié de la cuisse,
Doublé tout à l’entour d’un velours cramoisy
Ou d’autre qu’il aura chez un marchand choisy :
Car par trop à present du tafias on abuse,
Et chacun pour doublure à son manteau en use.
Le bourgeois, cy-devant, allant à un festin,
Avoit sur le manteau deux bandes de satin ;
Mais maintenant il faut, s’il veut estre honneste homme
L’avoir plein de taftas comme le gentilhomme ;
Pourquoy d’hanter la cour qui fait profession
Que l’on ne voit jamais manquer d’invention
Pour passer en beauté d’habits la populace.
Qui veut des courtisans tousjours suivre la trace,



l’escharpe sur l’espaule, à grandes franges pendantes en bas, sortant soubs le manteau, qui sert pour porter un petit coutelas de paix, à la façon des Arabes et Levantins. » (La mode qui court…)