Il lui faut le velours, et sur nostre orizon,
Quand revient à son tour l’estivale saison,
Il luy faut, pour servir de legère vesture,
De simple taffetas un manteau sans doublure ;
Et s’il est quelque fois de chasser desireux,
Le cerf viste courant, ou le lièvre peureux,
Ou bien le loup, terreur de la rustique race,
L’escarlatte est l’habit ordinaire de chasse,
Aucune fois de court, pourveu qu’il soit paré
De trois ou quatre rangs de passement doré.
Mais mon pouvoir s’estend encor plus sur les femmes,
Soit bourgeoises ou bien damoiselles ou dames :
C’est moy seule qui fais leurs tresses et cheveux
Noüez, poudrez, frisez ainsi comme je veux :
Une dame ne peut jamais estre prisée
Si sa perruque n’est mignonnement frizée,
Si elle n’a son chef de poudre parfumé22
Et un millier de nœuds, qui çà, qui là semé
Par quatre, cinq ou six rangs, ou bien davantage,
Comme sa chevelure a plus ou moins d’estage,
Et qui n’a les cheveux aussi longs qu’il les faut ;
Elle peut aisement reparer ce deffaut :
Il ne faut qu’acheter une perruque neuve23 ;
22. Hommes et femmes s’enfarinoient les cheveux de poudre de Chypre parfumée. V. la Dispute et interrogatoire faicte par deux poètes françois, 1610, in-12, p. 15 ; Francion, p. 267 ; Vers à la Fronde, sur la Mode des hommes.... Scarron, dans l’épistre citée, reproche aux jouvençaux :
Trop de gallons dessus les reins,
À la tête de trop longs crins,
Crins où, nonobstant la farine,
L’humide graisse trop domine.
23. Les perruques commençoient d’être à la mode pour les