Page:Variétés Tome III.djvu/256

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Et telle bien souvent porte ces ornemens
Qui n’aura pas cinq sols de rente tous les ans.
Encor cela est-il aux dames tolerable ;
Mais la bourgeoise fait maintenant le semblable,
Qui ose bien porter des diamans au doigt
Qui cousteront cent francs, que peut-estre elle doit,
Et ayme mieux payer tous les ans une rente
Que n’avoir pas au col une chaisne pendante,
Qu’elle acheptera plus beaucoup que ne vaut pas
Ce que luy a laissé son père à son trespas.
Encore n’est-ce rien si elle n’a sur elle
Coliers et bracelets comme la damoiselle,
Et ne porte cent mille autres tels ornemens,
Toy-mesme tu peux bien cognoistre si je mens,
Qui ne sont en effect qu’une vaine despence,
Qui donne clairement preuve de ma puissance.
Et quand bien elle aura cela, ce n’est pas tout :
Sa vaine ambition n’est pas encore au bout ;
Il luy faut des rabas de la sorte que celles
Qui sont de cinq ou six villages damoiselles,
Cinq colets de dentelle haute de demy-pié27,
L’un sur l’autre montez, qui ne vont qu’à moitié
De celuy de dessus, car elle n’est pas leste



27. V. sur ces collets notre édition des Caquets, p. 49 et passim. Ce qui est dit ici se retrouve en prose dans la Mode qui court, etc., page 8. « Le col garny d’affiquet, de collet à quatre ou cinq estages, d’un pied et demy pour monter au donjon de folie, voire telles qui n’ont un seul denier de rente ; danger même que les porteuses de laict n’en prennent envie, comme elles ont faict autrefois sur le vin muscat ; je n’en dy mot, puisqu’on en aura toujours des nouvelles à la pierre au laict. »