Page:Variétés Tome III.djvu/28

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Je ne parle pas ny des Grecs, ny des Latins romains, que nous sçavons estre venus au periode de vertu, de richesse, de pompe, de magnificence, de science, de sagesse et de toutes autres sortes de contentemens.

Je parle du royaume de France, des bonnes villes, et speciallement de Paris, quy a acquis et est parvenuë, soubs le reigne de ce monarque Loys XIII, à ce hault degré de perfection, pour estre à present puissant en tout, florissant en doctrine, en hardiesse, en commoditez, en sagesse et en toutes autres vertus, et en laquelle l’estranger s’admire, quittant son pays pour y faire sa retraite, son trafic, ses estudes, son exercice, comme en un lieu de delices et un paradis du monde.

Je voy desjà un vieux grognart quy n’a pas la patience de lire le reste, quy dit : Tu t’abuses, c’est un royaume plain d’inegalitez, de vices, de peschez, où toutes sortes de gens mal vivans abondent, où l’injustice reigne, où les loix ne sont point observées, où la superfluité est en abondance ? Quelle louange y peut-on apporter ?

Bon homme de l’antiquité, quy avez l’esprit moroze, avant que de me reprendre, monstrez-moy que l’antiquité caruit vitio, puis vous desclarerez tout à vostre ayse et direz que j’ay manty ; mais si la vertu des hommes quy sont à present au respect du temps passé couvrent le vice, pourquoy m’empescheras-tu de louer le temps, la grandeur, les richesses, la science, la magnificence et le pouvoir d’un royaume si riche et si abondant que nous le voyons à present ? Est-ce pas raisonnable que la posterité