Page:Variétés Tome III.djvu/294

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Lysis, quoyque prelat, et Carneau, quoyque moine14,
Lorsque leur veine cède à quelque infirmité,
Cherchent plustost en moy la perle de santé,
Qu’aux bouëtes de sené, de casse et d’antimoine.

Tous ces heros du temps, dont les rares genies
Tiennent ce que les arts ont de riche et de beau,
Ne pourroient pas sauver leurs œuvres du tombeau,
Si je ne gouvernois leurs doctes harmonies.

Je suis une des clefs du temple de Memoire ;
Je l’ouvre aux bons esprits qui m’aiment sobrement,
Et le ferme aux bruteaux qui vivent salement,
Comblant ceux-cy de honte, et les autres de gloire.

Je declare la guerre à la melancolie,
Et fais lever le siege à ses illusions,
Pour remplir le cerveau de belles visions
Qui donnent de l’esclat à ma douce folie.

Que je suis obligée à cette illustre plante
Qui me fait renommer par son fruict savoureux,
Et que je veux de bien à ce pilote heureux
Qui logea tout le monde en sa maison flotante !

Ce vieillard fut prudent de le mettre en usage,
Descouvrant le secret d’en faire une liqueur,


un grand nombre de vers de remercîments pour les vins fins dont on lui faisoit envoi. Aucun présent ne lui agréoit davantage. V., dans notre Paris démoli, le chapitre les Maisons de Scarron, p. 338–339.

14. L’auteur, du moins, y met de la franchise. Il ne dissimule rien, ni son goût bachique, ni son état. Plus loin il médit de son cher antimoine, et dément sa Stimmimachie.