Page:Variétés Tome III.djvu/62

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pect du temps passé, où ils s’en trouvoit fort peu.

S’il en falloit monstrer la source et d’où elle vient, j’auroy trop à discourir : suffira d’en dire deux ou trois raisons quy monstreront que c’est la grandeur du royaume quy en est cause.

Comme doncques, au temps passé, les bourgeois et habitants des villes se contentoient chacun en son pays de trafiquer, vivre et mourir, faisant mesme difficulté de prendre alliance ailleurs, de peur de perdre la vue de leur heritage et patrimoine, les autres villes estoient desertes d’estrangers, et Paris, avec sa petitesse, se contentoit de ne point traficquer ailleurs, et vivoient escharcement73 ; et de faict, on ne tenoit conte des maisons, quy lors estoient louées à vil prix faute de peuple74 ; mais depuis que l’estranger a gousté de la grande liberté d’y vivre, et on ne s’enqueste de rien, cela a faict descendre


73. Mesquinement, chichement. « J’en sais, dit Montaigne (liv. 3, ch. 9), qui donnent plutôt qu’ils ne rendent, prestent plutôt qu’ils ne payent, font plus escharsement bien à celuy à qui ils en sont tenuz. »

74. Monteil, analysant un manuscrit fait avec des extraits des registres du Châtelet des XIVe et XVe siècles, etc., dit : « Je vois, en suivant successivement les feuillets de ce manuscrit, que, sous Charles VI et Charles VII, plusieurs quartiers avoient été abandonnés, que les maisons crouloient ou bien étoient écroulées, et que les propriétaires s’en disputoient le sol et les ruines. » (Traité de matériaux manuscrits, t. 2, p. 306.) — Comme les maisons inhabitées devenoient des repaires de voleurs, on forçoit le propriétaire d’y mettre un gardien. V. notre brochure les Lanternes, hist. de l’ancien éclairage de Paris, Jannet, in-8, p. 19.